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Le personnage est lochois : elle a vécu à Saint-Senoch,
- Elle est une enfant de l’assistance publique qui, par la
volonté et ses études, a réussi un parcours exceptionnel,
- C’est une femme qui par son opiniâtreté a pu s’imposer dans un
domaine réservé aux hommes à son époque,
- C’est un médecin qui a su s’entourer également d’ingénieurs et
de techniciens pour faire avancer la recherche médicale,
- Elle est femme médecin mais aussi femme de lettres
Pour plus d’informations et lire quelques poèmes, voir le site
Médecin,
chercheur, écrivain
Thérèse Marguerite PLANIOL, née DUPEYRON
Née à Paris (18e) le 25 décembre 1914v ; décédée à Varennes
(Indre-et-Loire) le 8 janvier 2014v.
Thérèse Dupeyron est née de père inconnu. Abandonnée par sa mère à l’âge de trois mois, elle est placée par l'Assistance Publique de Paris dans une famille d'accueil de Sauxillanges (Puy-de-Dôme).
Son intelligence est vite remarquée par son institutrice qui obtient qu’elle suive des études secondaires au lycée Blaise Pascal à Clermont–Ferrand (Puy-de-Dôme). Bachelière précoce, elle devient l'une des secrétaires de Louis Mourier, directeur général de l'Assistance Publique de Paris. Alors qu'elle voudrait être médecin, celui-ci l'autorise à suivre une licence de sciences, qui se révélera très utile pour sa future carrière. Serge Gas, successeur de Louis Mourier, lui permet de s'inscrire à la faculté de médecine ; elle devient externe des hôpitaux de Paris durant les années de guerre 39-45. Brillante et travailleuse acharnée, elle est nommée - non sans mal en raison du sexisme de l’époque - au concours de l'internat des hôpitaux de Paris de 1947.
Ambitionnant de devenir neuro-pédiatre, elle va rencontrer
deux hommes qui lui seront d’une aide précieuse et auxquels elle
restera très attachée : le professeur Robert Debré* (1882-1978)
: il lui remettra la Légion d’honneur, et son chef de clinique
Maurice Tubiana (1920-2013). A son retour de Berkeley
(États-Unis) ce dernier lançait des programmes de médecine
nucléaire. Il guidera Thérèse dans la préparation d’une thèse de
doctorat (qui deviendra une référence internationale) sur
l'étude isotopique par le sodium radioactif des méningites
tuberculeuses des jeunes enfants. Ce travail déterminera son
orientation vers la physique médicale. Elle se passionne alors
pour les applications des radio-isotopes (médecine nucléaire) en
neurologie, une spécialité dont elle sera un des pionniers au
plan mondial.
Son mari, René Planiol (1900-1979), physicien, l’aidera
pour la conception et la réalisation d’appareils prototypes
nécessaires à la détection des tumeurs cérébrales par
radio-isotopes (il lui fera connaître les grands physiciens
comme Frédéric et Irène Joliot, Francis Perrin, …). En
parallèle, elle développe les toutes premières applications de
l'échographie cérébrale pour la détection des hématomes et des
tumeurs.
Admise d’abord comme chercheur à l'Institut national d'hygiène (devenu INSERM), Thérèse Planiol devient ensuite biologiste des hôpitaux à la Pitié-Salpêtrière à Paris, où elle est l'assistante du Professeur Herman Fishgold, chef du service d'électroradiologie. Elle y met en place les bases de la gamma-encéphalographie et de l'écho-encéphalographie ultrasonore.
Tout en conservant ses fonctions hospitalières à Paris, elle
est nommée à Rouen (Seine-Maritime) en 1967 au concours
d'agrégation de physique médicale et devient la première femme
professeur agrégé de médecine en France.
En 1968, elle quitte Paris et Rouen pour Tours où elle est
accueillie par les professeurs Georges Desbuquois* et Émile
Aron*. Son ambition est d'associer des médecins et des
ingénieurs pour créer un grand service d'explorations
fonctionnelles non invasives au Centre hospitalier et
universitaire (CHU) Bretonneau, ainsi qu'un laboratoire de
biophysique à la faculté de médecine. Elle donne rapidement à
ces structures une réputation mondiale en s’appuyant
essentiellement sur :
- Léandre Pourcelot, ingénieur, avec lequel elle fonde
la Société française pour l'application des ultrasons en
médecine et biologie (SFAUMB) en organisant son premier congrès
à Tours en novembre 1972. Elle en devient alors la première
présidente. Elle participe l'année suivante à la création de la
Fédération européenne des ultrasons en médecine et biologie
(EFSUMB).
- Mireille Brochier, cardiologue (qui lui remettra la
cravate de commandeur de la Légion d’honneur) et Roland Itti,
physicien, avec lesquels elle met au point la cardio-imagerie
isotopique. Thérèse Planiol sera présidente de la Société
française de biophysique et en organisera le premier congrès à
Tours, également en 1972.
- Jean-Claude Besnard, pharmacien, qui installera dans
son équipe l'immuno-diagnostic isotopique indispensable à
l'endocrinologie, à la cancérologie et à l'infectiologie.
L’école de biophysique tourangelle devient rapidement une pépinière de talents et l'une des meilleures sur le plan mondial. Pendant douze ans, de 1968 à 1980, Thérèse Planiol coordonne très activement des recherches de haut niveau dans le domaine de l'imagerie médicale du fœtus à l'adulte. Ces travaux permettront par la suite le développement de trois services de médecine nucléaire et d’échographie au CHU de Tours, ainsi que la création de plusieurs équipes de recherche reconnues au plan international.
Femme de conviction, attentive, et proche de ses collaborateurs, Thérèse Planiol a su transmettre son enthousiasme et son goût pour la perfection à l'ensemble de son équipe. Retirée de la vie hospitalo-universitaire en 1980, elle accueillera dans son château de Saint-Senoch, à Varennes, des réunions scientifiques nationales et internationales, ainsi que des concerts de haut niveau. Elle a publié plusieurs ouvrages : un livre de références sur le diagnostic des lésions cérébrales par radio-isotopes, une autobiographie rééditée deux fois, une étude du parcours de femmes médecins et un recueil de ses poèmes. Une rue porte son nom à Sauxillanges (Puy-de-Dôme) et une autre à Saint-Avertin (Indre-et-Loire).
Professeur honoraire de la faculté de médecine de Tours,
Officier de l’Ordre national du mérite (1980), commandeur de
la Légion d’honneur (2011), Thérèse Planiol a donné son
nom à la promotion 2012 des docteurs de l’université de Tours.
Elle fut honorée entre autres du prix du Rayonnement
Français en 1986, du Von Hevesy Prize en 1989 et de la
médaille Antoine Béclère en 1996. Elle fut vice-présidente
du XVIe congrès mondial de radiologie à Paris en 1989.
Pour poursuivre son œuvre en faveur de la recherche sur le
cerveau, elle décide en 2003 de créer, sur ses fonds propres, la
" Fondation Thérèse et René Planiol pour l'étude du cerveau
". Cette fondation sera reconnue établissement d'utilité
publique en février 2005. Thérèse Planiol a fait de cette
fondation sa légataire universelle. La petite fille abandonnée
était devenue une très grande Dame…
Quelques publications
DUPEYRON Thérèse, « Etudes des troubles de la perméabilité
méningée au cours des méningites tuberculeuses à l’aide du
sodium radioactif », Thèse de doctorat en médecine (président
de thèse Robert Debré), faculté de médecine, Paris, 1954.
PLANIOL Thérèse, « Diagnostic des lésions intracrâniennes par
les isotopes », Paris, Masson Editions, 1959.
PLANIOL Thérèse, Une femme, un destin, Paris, éditions
Rive Droite, 1996, 300 p. ; (2e édition 2008). Préface de Jean
Bernard de l’Académie Française. Introduction de Maurice
Tubiana de l’Académie des Sciences.
PLANIOL Thérèse, Herbes folles hier, femmes médecins
aujourd’hui, Angers, éditions Cheminements, 2000, 350 p.,
Préface de Bernard Glorion, Président de l’Ordre national des
médecins.
PLANIOL Thérèse, Quelque chose d’autre, Paris, éditions Rive
Droite, 2007, Préface de Guy Breton.
Sources :
GABARD-ALLARD Anne, « Le combat acharné d’une femme
médecin, chercheur du XXe siècle : madame le Professeur
Thérèse Planiol », Mémoire de master recherche, histoire des
sciences et des techniques, Faculté des sciences et des
techniques, Nantes, 25 mai 2010.
Présentation faite par le professeur Léandre Pourcelot